Bien-être, Ma santé

Le thermalisme de plus en plus engagé contre le cancer

Par Nathalie Giraud

Les eaux du centre de la Terre nous soignent depuis des millénaires. Hippocrate – qui fait toujours figure de référence en médecine – avait reconnu les bienfaits de l’eau sur la santé. En Grèce mais aussi à Rome et en Gaule, les bains sont légion et prendre les eaux devient un luxe au 19ème siècle. Forte de ses 700 sources souterraines, la France est devenue une figure de proue dans le milieu thermal et ses études scientifiques sont des références : elle détient 20% du capital thermal européen. Les pathologies soignées et améliorées par une cure thermale sont très nombreuses, et parmi elles, le cancer est devenu l’ennemi à combattre…

Le professeur Christian-François Roques, membre de l’Académie nationale de médecine et Président du conseil scientifique de l’AFRETH (Association française pour la recherche thermale), nous éclaire sur toutes les cures post-cancer. Et les centres thermaux sont de plus en plus nombreux à proposer des mini-cures de 6 jours, des programmes de 12 jours (remboursés à 50% par la sécurité sociale) et de 18 jours (remboursés à 65%). Une vraie chance pour prendre sa santé en main et éviter les récidives.

« Toutes les personnes qui ont un cancer en rémission et stabilisé peuvent faire une cure thermale » déclare le Pr Roques. De plus, les personnes qui ont eu un cancer peuvent avoir une autre raison de santé pour faire une cure thermale : rhumatisme, arthrose, dépression, problèmes respiratoires, gynécologiques ou dermatologiques, et toutes les autres affections traitées par le thermalisme. En général, on utilise la cure thermale pour traiter certaines conséquences du cancer dont les traitements : en dermatologie, on traite les problèmes cutanés suite aux séances de radiothérapie et chimiothérapie. Dans l’orientation Affections des muqueuses buccolinguales, on soigne les muqueuses buccales. En Phlébologie et Dermatologie, on agit sur le plan circulatoire, en particulier sur le plan lymphatique : le « gros bras » en post-cancer du sein (suite au curage ganglionnaire et à la radiothérapie), un problème fréquent très invalidant avec des répercutions multiples que l’on peut stopper.

Post-cancer du sein, le lymphoedème
Quand les premiers signes d’un lymphoedème se font sentir (peau du bras qui tire, lourdeurs, picotements, gonflements de l’épaule…), il faut prendre rendez-vous chez le médecin. Et des signes peuvent apparaître rapidement après la chirurgie, ou bien plusieurs mois après, cela dépend des femmes. Si ce problème n’est pas traité, il peut engendrer des complications supplémentaires : des infections ou une diminution de la motricité du bras notamment. Aujourd’hui, on peut combiner plusieurs méthodes, entre la kinésithérapie, les vêtements de compression qui agissent efficacement pour réduire le gonflement, et la cure thermale remboursée par la sécurité sociale…

Cure de 6 jours Lymphoedème aux Thermes d’Argelès-Gazost :
18 soins (199 euros), avec 3 soins par jour, dont de l’hydro-massage, du drainage lymphatique avec un kiné, un atelier bandage (photo), un atelier thérapeutique, des bains thermaux… Ce centre des Hautes-Pyrénées propose aussi la cure de 18 jours Thermoedème (Education thérapeutique du patient, en complément de la cure lymphoedème après un cancer)
www.thermes-argeles.fr, tél : 05 62 97 03 24.

Cure de 12 jours
Cette cure remboursée par la sécurité sociale à 50% – sans oublier les mutuelles – a été validée par une étude sur 270 patientes en rémission complète du cancer du sein (PACThe*, publiée en 2013). Les répercutions positives sont nombreuses : meilleure qualité de vie, diminution des signes dépressifs, amélioration de l’estime de soi, perte de poids chez les femmes en surpoids, augmentation de la pratique d’une activité physique, meilleur sommeil… Le Pr Roques précise : « nous observons que l’amélioration générale se maintient pendant cinq ans au moins ».
Au programme : 12 jours de soins et 15 jours en pension complète (autour de 1000 euros). Des soins thermaux d’hydrothérapie, de l’éducation diététique, de l’activité physique, des séances socio-esthétiques, une supervision psychothérapique.
-A Cambo-les-Bains, Challes-les-Eaux, Gréoux-les Bains, Le Mont-Doré, Saint-Amand-les-Eaux.

Les cures de 18 jours
ETP contre le lymphodème
Très utile pour devenir acteur de sa santé, éviter les complications et les récidives, ce programme d’éducation thérapeutique du patient (ETP) promet d’apprendre tout ce qu’il faut sur les soins à faire de retour chez soi. Ce qui donne toutes les cartes en main pour maîtriser le vidange ganglionnaire, la mobilisation tissulaire et les bandages.
– A Argelès, la Léchère-les-Bains, Luz-St-Sauveur

Programme PACThe (cité plus haut)
– A la Bourboule, Evaux-les-Bains, Néris-les-Bains, Vichy

Dermatologique post cancer (cutané, lymphoedeme)
A Avène, La Bourboule, La Roche-Posay, Molitz-les-bains, Saint-Gervais,Uriage

Rhumatologie et Phlébologie (post-cancer du sein)
A Aix-les-Bains, Bourbonne-les-Bains, Lons-le-Saunier, Morsbronn-les-Bains, Thermes Berot à Dax.

Programme post-cancer du sein aussi à Brides-les-Bains

Et toutes les autres cures…
A partir du moment où la personne est en rémission complète, toutes les cures thermales sont adaptées pour soigner telle ou telle pathologie. En revanche, les soins ne visent pas l’après-cancer, mais la personne dans sa santé globale en général et sa pathologie en particulier. Dernier point : les personnes en affections de longue durée (ALD) seront remboursées à 100%.

Pour en savoir plus :
www.medecinethermale.fr
L’Officiel du Thermalisme 2018 (éd. Palindrome)

*PACThe, étude Kwiatkowski, Programme of Accompagnying women after breast Cancer treatment completion in thermal resorts (2013).

©Thermes Cambo-les-Bains ; ©Thermes d’Argeles ; ©Thermes de Greoux-les-Bains

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