Belle nature, Notre planète

Une tendance faite pour durer : la permaculture

Par Nathalie Giraud

Pas toujours facile de modifier ses habitudes de vie, de sortir de l’individualisme et multiplier les initiatives vertueuses… La Permaculture ouvre la voie vers ce changement de vie rêvé par les écologistes et concrétisé par les aventuriers de la terre. Avec un livre et un film, voici des exemples concrets que l’on peut décliner dans son jardin, sur son balcon, à la campagne, et pas seulement sur le terrain potager : on peut expérimenter cette façon libre de vivre dans de nombreux domaines, dans l’art et la culture notamment…

Carine Mayo, auteure du livre Le Guide de la Permaculture urbaine, détaille pour bienfaitspournous.com la ville nourricière et l’art de vivre au rythme de la nature…

« La permaculture s’inspire de la nature dans ce qu’elle a de permanent : le cycle du végétal, qui va être mangé par un animal, qui lui-même va être mangé par un autre animal… Une fois que le super prédateur qui est au bout de la chaîne alimentaire meurt, il revient à la terre jusqu’à l’ enrichir avec sa décomposition. C’est le cycle de la vie. La permaculture, c’est être attaché à cette idée de permanence et de cycle, c’est différent de nos pratiques de culture, de jardinage (on a l’habitude de mettre la terre à nu, de passer le motoculteur, puis de semer). »

Encourager ce qui est permanent
« Il existe des plantes permanentes : les arbres, qui vivent longtemps, les fraises, les groseilles, les cassis (tous les petits fruits), les artichauts… Avec la permaculture, on intervient le moins possible, contrairement aux autres principes de culture où l’on intervient beaucoup et où l’on fait les mêmes gestes. Là on va surtout essayer de s’intégrer au mieux dans la nature au sens large. On va notamment essayer d’avoir une empreinte écologique la plus faible possible. Cela peut avoir une influence sur la construction (avec les matériaux qu’on utilise), sur la chaîne alimentaire, sur différents domaines de la vie (culture dans la ville, art à partager…). » 

Dans la nature, tout est lié
« On est tous dépendants les uns des autres. En permaculture, on s’intéresse beaucoup à cette notion de lien, dans la façon dont on va s’inscrire dans un territoire, avec ses voisins, avec les animaux. Le but, ce n’est pas de produire le plus possible, mais de produire en s’inscrivant au mieux dans le respect de la nature, avec la présence de pollinisateurs par exemple : avec des fleurs qui vont attirer des polinisateurs dans le jardin, au milieu des légumes, au pied des arbres. C’est un art de vivre qui s’articule autour de trois idées : protéger la terre, protéger les humains, et partager équitablement les ressources ».

Pas de dogme
« Dans un jardin, on va garder une zone sauvage, on va observer comment tout interagit, comment tout communique, c’est une science de l’aménagement. Sur son balcon : on va faire en sorte que chaque espace soit utilisé au mieux, que tous les végétaux puissent avoir la meilleure place possible (lumière, ombre, de façon étagée avec les plus petites plantes devant et les grandes derrière…), faire grimper des vignes sur un mur du balcon, planter des tomates, et comme dans la nature où tout est permanent on va cultiver l’hiver (avec des mini serres là on l’on veut, où c’est possible : dans une cour, sur un balcon pour faire pousser quelques plantes feuilles). »

On suit le cycle de la vie et des saisons.
Par exemple, les feuilles mortes ne sont plus des déchets mais des ressources. Résultat : elles n’encombrent plus les jardiniers ! Là on garde les feuilles mortes pour faire un compost dans un sac en plastique, pour les laisser se décomposer, et les réutiliser sur son balcon. C’est un moyen de se reconnecter à la nature. Cela va plus loin que le « bio », qui ne s’intéresse pas forcément à l’intégration dans la nature.

Démarche permaculturelle
« On commence par regarder le lieu, on réfléchit à ce lieu, on réfléchit à soi-même : de quoi ai-je besoin ? Quel temps vais-je y consacrer ? C’est une idée primordiale de permanence, de résilience : plus on va vers cette permanence, plus on encourage les liens qui vont renforcer le milieu, notamment pour résister à des évènements un peu extrêmes (sécheresse, canicule ect). Si on plante des végétaux très serrés, ils vont se protéger les uns les autres (sur un balcon ou une forêt jardin). Une grille de lecture : où je suis, de quoi ai-je besoin, comment améliorer un fonctionnement pérenne. »

 

Au cinéma et sur internet : L’Eveil de la Permaculture, et si la révolution s’inspirait de la nature ? 
(www.leveildelapermaculture-lefilm.com)

Le message d’Adrien Bellay, réalisateur du film :
« Ce film était avant tout une aventure humaine. Au début du tournage, on a défini des règles éthiques. A l’égal de la permaculture, le groupe devrait évoluer dans le respect de la terre et des hommes. Cette expérience de travail en équipe s’est prolongée jusqu’à la finalisation du film dans les studios. Puis il y a eu les rencontres, des récits de vie exemplaires que je n’oublierai pas. On a tissé de vraies complicités avec les personnages. Quant au message, il est clair. Eux l’on fait, alors pourquoi pas nous ! Nous connaissons les problèmes, il ne reste plus qu’à agir. La permaculture, c’est la science du concret. Le spectateur doit pouvoir se dire : ça a l’air simple à mettre en œuvre. J’agis concrètement à la sortie de la projection ».

L’espoir d’un changement de société
« Je n’étais pas particulièrement militant avant d’avoir réalisé ce film. J’étais tout de même sensibilisé à la cause écologique, j’avais vu les films de Marie-Monique Robin, de Coline Serreau… J’ai grandi dans la plaine du Roussillon, entouré par les vignobles, exposés à la monoculture et à un usage intensif d’intrant chimique. Ça a nourrit ma réflexion, j’étais conscient des problèmes… Fallait-il encore que je connaisse les solutions. Aborder un sujet comme la permaculture ne laisse pas indemne puisqu’on redéfinit nos besoins et au-delà, notre perception du monde. »

Film-citoyen
« Il me reste encore du chemin à parcourir pour adapter physiquement mon mode de vie. Je pense qu’inévitablement, le mouvement d’attraction vers la permaculture va s’amplifier proportionnellement aux forces de poussée de notre société, en proie aux problèmes environnementaux et économiques. C’est un mouvement de fond, difficilement perceptible puisqu’il évolue à la marge, mais qui est fait pour durer. Cette opposition annonce un changement profond de société. Encore faut-il que ce mouvement ne soit pas récupéré d’une façon ou d’une autre par le système capitaliste… capitaliste… ça c’est une autre histoire… ou un autre film ! »

 A lire et à garder précieusement…d’une façon permanente ! : Le guide de la permaculture urbaine
Comment pratiquer la permaculture dans un petit jardin, dans une cour, sur un balcon ou même en appartement ? L’auteur présente un panel d’expérimentations menées en France et au Canada. Carine Mayo est journaliste spécialisée dans l’environnement et déjà auteur de plusieurs ouvrages sur l’écologie urbaine.
Disponible le 14 avril 2017 – 192 pages – 22 € – coll.
Conseils d’expertÉditions Terre vivante
En librairies, jardineries, magasins bio et sur
boutique.terrevivante.org

 

©pixabay, © Carine Mayo, © ed. Terre Vivante

2 Commentaires

  1. C est un mouvement de fond, difficilement perceptible puisqu il evolue a la marge, mais qui est fait pour durer. Cette opposition annonce un changement profond de societe comme le livre sont deux invitations au spectateur ou au lecteur a agir, a travers des cles simples pour mettre en oeuvre la permaculture au quotidien.

    1. Bonjour Sara,
      Tout à fait d’accord avec vous… Les consciences changent peu à peu, c’est long mais le mouvement ne s’arrêtera pas…:)
      Bien à vous,
      Nathalie

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